Enseignements professionnels
Depuis la promulgation de la loi dite « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel » en septembre 2018, le SNUEP et la FSU ont été exclus des Commissions Professionnelles Consultatives (CPC) qui élaborent les Référentiels d’Activités Professionnelles (RAP) des différents diplômes. Ce sont donc maintenant les branches professionnelles qui sont seules chargées de cette élaboration, ce que dénonce le SNUEP-FSU.
Au niveau de l’Éducation Nationale, ces RAP ne sont plus présentés que lors de la Commission Spécialisée des Lycées (CSL) et lors du Conseil Supérieur de l’Éducation (CSE) dont le positionnement a été amoindri comparativement aux délibérations menées en CPC. Ainsi, le droit de regard des enseignant×es chargé×es de l’application des ces RAP au cours de leur élaboration est devenu quasi nul. Le SNUEP-FSU s’oppose fermement à une telle vision du métier d’enseignant·e.
Le SNUEP-FSU est favorable à des RAP en lien direct avec le métier visé par le diplôme, et s’oppose fermement, à la CSL comme au CSE à toute volonté de fusion de ces derniers.
Enseignements généraux en 2de
Pour les classes de 2de BAC Pro, quand il a été question de réviser les programmes des enseignements généraux, le ministre a procédé à l’envers, définissant le contenant avant de dévoiler le contenu. Et comme le contenant est largement réduit par la réforme, le contenu a dû s’adapter…
Dans certaines disciplines, comme les langues vivantes ou les arts appliqués, on constate un fort recentrage des contenus sur des activités liées aux pratiques professionnelles, et une injonction à l’usage du numérique, dont on sait les inégalités qu’il génère.
Pour d’autres matières, en particulier les maths-sciences, le disciplinaire devient simple support à l’acquisition des compétences transversales prônées par les organisations patronales. Les connaissances et savoirs propres à ces enseignements ne comptent plus que quand ils sont utiles aux métiers visés par le diplôme !
Alors que l’idéologie dominante dans la réforme du ministre est de recentrer les objectifs de la voie professionnelle sur l’insertion dans un emploi, des pans entiers de connaissances liées à l’organisation du travail, aux droits collectifs, ou encore au fonctionnement des tribunaux ou à l’établissement d’un budget disparaissent corps et âme des programmes d’éco-droit, d’éco-gestion et de prévention santé environnement.
Certains programmes deviennent même des supports de propagande à la vision du « Nouveau Monde » portée par la majorité parlementaire et le gouvernement. En histoire-géographie, des points importants comme les luttes féministes et/ou ouvrières disparaissent. Les programmes sont très centrés sur la mondialisation et l’économie libérale, en faisant abstraction du développement durable. En EMC, par le biais de questionnement fermés, la vocation du programme semble être de faire accepter aux élèves la politique actuelle du gouvernement.
En Français, enfin, l’utilitarisme domine au détriment de tous les aspects culturels que doit normalement revêtir cette discipline. L’objet d’étude unique qui subsiste (« Lire, écrire, dire le métier ») atteste de cette vision.
Pour le SNUEP-FSU, ces nouveaux programmes ne font que démontrer la réelle volonté de J-M Blanquer d’assigner les jeunes issu·es de la voie professionnelle à une condition sociale perpétuellement défavorisée, sans réelle possibilité d’émancipation vis-à-vis de la mondialisation néolibérale et de l’uberisation de la société. C’est pourquoi le SNUEP-FSU en demande la réécriture, en concertation avec la profession, pour y réintroduire les visées ambitieuses, citoyennes et humanistes qui en ont disparu.
Enseignements généraux en 1re et Tle
Les nouveaux programmes d’enseignement général pour les classes de 1re et de terminale vont entrer progressivement en application au gré de la mise en place de la réforme sur ces niveaux.
Globalement, ces nouveaux programmes peuvent apparaître ambitieux. Cependant, en histoire, par exemple, certaines notions comme la place des femmes dans l’histoire ou encore l’histoire du monde ouvrier, sont noyées dans des thèmes plus larges et nombreux et ne pourront qu’être éventuellement évoquées mais sans être approfondies. En PSE, ce sont des notions sur le budget ou les assurances qui, elles, disparaissent…
De plus, avec la diminution des horaires attribués et la co-intervention, les enseignant·es seront en difficulté pour traiter l’ensemble des programmes. La solution consistera alors en un simple survol des thématiques. Certaines préconisations inscrites, notamment en mathématiques, sont d’ailleurs parfois de privilégier le fait de « connaître » les notions présentées plutôt que de « savoir » les appliquer.
À l’opposé du discours ministériel, ces programmes entérinent l’abandon d’une formation complète et équilibrée des jeunes de la voie professionnelle. Pour le SNUEP-FSU, ces nouveaux programmes rendent d’autant plus nécessaire la restitution aux heures disciplinaires des horaires dévolus aux dispositifs pédagogiques imposés par la réforme. Il est nécessaire aussi d’augmenter les dédoublements dans les enseignements généraux pour que certaines notions parfois complexes soient, au final, réellement maîtrisées par les élèves des lycées professionnels. Atteindre l’ambition de valorisation de la voie professionnelle passe par des moyens ambitieux.