CAP 1,2 OU 3 ANS : DES CONDITIONS IMPOSSIBLES EN CAP
Que les parcours en CAP puissent se faire en1, 2 ou 3 ans, le SNUEP-FSU y est favorable, tant les publics qui y entrent sont variés. Mais ce que cette réforme veut imposer va largement aggraver les conditions de travail des enseignant·es qui interviennent dans ces sections, puisqu’il s’agit de mélanger dans un même groupe classe les élèves formés sur ces 3 durées différentes !
Nombre de questions se posent : en quelle année de formation s’insèreront les élèves formés en 1 an ? En 1re année pour acquérir les bases nécessaires, ou en 2de année pour valider l’examen ? Comme les sections de CAP accueillent aussi des élèves issus de SEGPA ou de 3ème prépa-pro, certain·es ont besoin d’une 3ème année pour réussir. Des préconisations du ministre demandent à ce que cette 3ème année ne soit pas un redoublement.
Comment organiser les classes pour y parvenir ?
Si la durée classique de formation reste fixée à 2 ans, un changement dans celle-ci doit être demandé par l’élève devenant candidat·e et la décision finale reviendra au recteur·trice. L’avis des enseignant·es sera recueilli. On se dirige ainsi vers une gestion au cas par cas et le ministre compte sur l’aptitude de chaque collègue à pratiquer la différenciation pédagogique dans des classes dont les effectifs risquent de s’alourdir…
À l’impossible, nul n’étant tenu, le SNUEP-FSU revendique des répartitions par année (1, 2 et 3) des classes de CAP, tant dans les CA portant sur la DHG que lors des conseils d’enseignement.
CHEF-D’OEUVRE : LE RETOUR EN FORCE DU PPCP
Projet pluridisciplinaire, faisant intervenir plusieurs enseignant·es, il sera intégré aux référentiels de certification des diplômes et donc donnera lieu à une évaluation pour chaque élève. En bac pro, le financement du dispositif sera pris sur le volume complémentaire professeur.
En fonction des projets, l’intervention de plusieurs professeur·es sera nécessaire. Cela demandera une certaine « souplesse » dans l’utilisation des moyens. Ce dispositif risque donc d’être en grande partie financé en HSE, notamment pour les professeur·es des disciplines générales.
Le problème majeur est qu’aucun moyen n’est alloué à la concertation pédagogique qui sera pourtant nécessaire tout au long de l’année.
Si dans un premier temps des heures élèves seront sûrement consacrées à ce travail, il est à craindre que très rapidement, il soit demandé aux enseignant·es d’effectuer gratuitement ce travail supplémentaire.
CONSOLIDATION, ACCOMPAGNEMENT ET PRÉPARATION À L’ORIENTATION
CE QUE VEULENT LES ENSEIGNANT·ES, CE SONT DES HEURES POUR FORMER LES ÉLÈVES.
L’arrêté précise que « la consolidation des acquis et l’accompagnement personnalisé s’adressent à tous les élèves selon leurs besoins » et qu’il « peut s’agir de soutien, d’aide individualisée, de tutorat, ou de tout autre mode de prise en charge. » Sur une enveloppe pouvant aller jusqu’à 3 h 30 en terminale bac pro, les EPLE, dans le cadre de leur autonomie, devront définir l’organisation et le volume horaire permettant de mettre en place ces dispositifs. Avec la politique Blanquer de suppression de postes et d’augmentation des heures supplémentaires, ces dispositifs seront, au mieux, payés en HSA mais dans bien des cas, en HSE. Il est alors de la responsabilité de chaque CA de vérifier que ces heures soient bien utilisées pour mettre en place des actions pédagogiques à destination des élèves. Pour défendre le maintien des postes, le SNUEP-FSU y interviendra pour que ces heures soient largement intégrées dans les services des enseignant·es. Dans ce cadre, il interviendra pour qu’au moins une heure en mathématiques et une heure en français soient allouées à la consolidation des acquis des élèves.
Sur la préparation à l’orientation, le SNUEP-FSU rappelle que ce sont les élèves qui élaborent leur projet, qu’un·e enseignant·e peut certes les conseiller dans leurs choix mais sans avoir pour autant les compétences d’un·e Psy-EN !
À l’issue de la classe de première, les élèves devront choisir entre deux modules : se préparer à la vie active ou à la poursuite d’études.
Avec ce dispositif, le ministère assume de façon décomplexée sa volonté d’organiser le tri social, enfermant dans des choix définitifs des jeunes de 16 ans, sans possibilité de retour en arrière.
LA CO-INTERVENTION : UNE ATTAQUE CONTRE LES DISCIPLINES
Ces heures de co-intervention sont « assurées par le professeur d’enseignement professionnel conjointement avec le professeur enseignant le français ou le professeur enseignant les mathématiques » (art-4). L’objectif serait de contextualiser les enseignements généraux. En faisant le choix de généraliser cette modalité d’intervention.pédagogique sur un volume pouvant atteindre 50 % du volume disciplinaire en CAP, le ministère s’attaque frontalement à la formation générale des lycéen·nes professionnel·les. Ce dispositif permet de masquer artificiellement une partie de la perte du volume horaire à destination des élèves.
La co-intervention ainsi imposée va mettre les PLP concerné·es dans des situations intenables.
Comment, quand on enseigne les maths ou le français, co-préparer de 4 à 6 séances par semaine avec des collègues de disciplines professionnelles différentes sans qu’il soit prévu du temps pour le faire ?
L’ensemble de ces dispositifs pédagogiques va multiplier les contraintes sur les emplois du temps obligeant les enseignant·es à rester présent·es toute la journée dans les établissements.
Le SNUEP-FSU s’opposera à la mise en place de ce dispositif et appellera les PLP à le détourner au service des élèves et des enseignements.
Textes organisant la co-intervention
Il existe 3 niveaux de textes pour organiser la mise en œuvre de ce dispositif issu de la réforme Blanquer de la voie professionnelle :
– Des textes réglementaires modifiant le Code de l’Éducation (loi, décrets et/ou arrêtés) et publiés au Journal officiel et au Bulletin officiel de l’Éducation nationale (BOEN). Ces textes ont évidemment une influence sur nos obligations réglementaires de service, ces dernières étant naturellement en lien avec notre statut.
– Une
circulaire (ou note de service) adressée par le ministre aux recteurs
et rectrices pour organiser la mise en application des textes réglementaires.
Elle n’est pas constitutive de nouvelles obligations de service pour les
PLP. Bien que publiée au BOEN, ce type de circulaire ou
note de service ne modifie ni le Code de l’Éducation, ni nos obligations
réglementaires de service (ORS), et encore moins notre statut !
– Un
vade-mecum censé être un “guide d’accompagnement pédagogique”.
La vocation initiale des “guides d’accompagnement pédagogique” est d’aider les
enseignant·es dans la mise en œuvre d’un dispositif (nouveau ou non), en leur
prodiguant des conseils et en leur donnant des exemples, sur lesquels il serait
possible de s’appuyer pour construire leurs séquences.
En aucun cas ce type de document n’est contraignant pour l’enseignant·e,
concepteur·trice de son enseignement, dans ses pratiques pédagogiques. Il
est encore et toujours inscrit dans la loi que les PLP jouissent de leur
liberté pédagogique, tant qu’ils et elles respectent les horaires et les
programmes ou référentiels de leur discipline de recrutement.
GARDER SA LIBERTÉ PÉDAGOGIQUE
et rester sur la même planète !
Aucun programme ou référentiel n’impose qu’une notion ou une compétence soit traitée spécifiquement dans le cadre de la co-intervention (même si des “suggestions” plus ou moins habiles apparaissent dans certains nouveaux programmes d’enseignement général…).
Concernant la co-intervention, les seuls textes réglementaires auxquels sont assujettis les PLP sont les arrêtés instaurant les grilles horaires de CAP et de bac pro (arrêtés du 21 novembre 2018).
Co-intervenir ?
Ces arrêtés stipulent, dans leurs articles 4 respectifs, que les heures de
co-intervention doivent être assurées conjointement par les
profs d’enseignement professionnel et les profs enseignant le français ou les mathématiques.
Certes, conjointement signifie “ensemble et en même temps“,
mais l’unité de lieu où l’on est “ensemble”
n’est pas définie par ces arrêtés. On peut être ensemble dans la
même salle mais aussi dans le même bâtiment, le même lycée, la même ville, le
même département… la même planète !
Classe entière ou groupe à effectif
réduit ?
Les grilles horaires données en annexe des arrêtés CAP et bac pro ont une
valeur réglementaire.
L’arrêté du CAP précise que la co-intervention se déroule en classe entière
(puisqu’il n’y est pas prévu un déroulement en “groupes à effectif réduit”).
En bac pro, la grille ne donne aucune indication particulière sur la
répartition des élèves pendant la co-intervention. L’établissement a toute
latitude pour l’utilisation de son volume horaire complémentaire, dans le cadre
de son autonomie…
RÉSUMÉ DE NOS OBLIGATIONS RÉGLEMENTAIRES
En CAP : 2 professeur·es doivent intervenir ensemble et en même temps en classe entière.
Les professeur·es font ce que l’exercice de leur liberté pédagogique leur permet de faire : ils/elles organisent la séquence comme bon leur semble, quitte à intervenir à tour de rôle, d’une séquence à l’autre, ou sur une moitié de séquence chacun·e, par exemple, et surtout en choisissant quand il leur paraît opportun ou non d’évoquer à 2 le même sujet !