Attaque d’une ampleur inédite contre les lycées professionnels, la réforme Blanquer et la loi Pour la liberté de choisir son avenir professionnel poursuivent un objectif : celui de démanteler la voie professionnelle scolaire. Par les choix qu’il opère, le ministre méprise ouvertement l’investissement au quotidien des personnels qui chaque jour œuvrent à faire réussir leurs élèves.
L’instauration de dispositifs supposés pédagogiques vise à nous assommer de travail et à casser notre statut. La diminution des heures d’enseignement professionnel, l’imposition de la co-intervention, la réalisation d’un chef-d’œuvre et les familles de métiers entraînent une déprofessionnalisation des formations. Les programmes des enseignements généraux ont été conçus pour répondre quasi uniquement aux pratiques professionnelles et faire accepter à nos élèves la vision libérale des politiques menées. Les savoirs ne pourront être que survolés au regard du peu de temps dédié pour les enseigner. L’objectif d’une insertion professionnelle durable, sociale et citoyenne est purement et simplement sacrifié.
Avec la baisse drastique de la taxe d’apprentissage, les personnels vont être contraints à chercher des contrats pour leurs élèves, et donc les pousser vers l’apprentissage, afin de maintenir le financement des formations scolaires.
Désorganisation, contraintes innombrables, travail accru, concurrence sauvage, transformation de nos missions, voilà ce qui nous attend si nous laissons faire le ministre. Le développement de l’apprentissage dans nos établissements ne pourra se faire qu’à la condition d’une refonte de notre statut. Le ministère le considère d’ailleurs problématique et souhaite augmenter notre obligation de service face aux élèves. C’est aussi la casse du service public de l’enseignement professionnel dont il s’agit ici afin que progressivement les milliers de suppressions de postes prévus dans les lycées professionnels servent leur dogme du “moins de fonctionnaires”.
Nous savons que la voie professionnelle permet des parcours de réussite et notre devoir est de les favoriser, de permettre à tous les jeunes de réussir. Levons-nous ensemble contre cette réforme, pour des formations solides et équilibrées, pour une reconnaissance de notre travail et une revalorisation de nos salaires. Refusons toute augmentation de charge de travail et l’imposition de dispositifs non définis par des textes réglementaires. Dénonçons toute pression hiérarchique et agissons collectivement, dans les établissements, les académies, nationalement pour que cette transformation de la voie professionnelle soit abandonnée.
Par rapport aux précédents horaires, les élèves ont de 1,5 à 3 h d’enseignement hebdomadaire en moins soit 3 à 6 semaines sur les 2 ans. Cette nouvelle organisation horaire ne permettra pas d’élever le niveau de compétence des élèves.
Co-intervention et annualisation : l’organisation de la co-intervention ne doit pas amener au non-respect de nos obligations de service hebdomadaires. Un regroupement de la co-intervention sur une semaine doit être synonyme de suppression des cours disciplinaires.
L’arrêté du 21 novembre 2018 définissant les horaires en CAP
Des seuils de dédoublement à faire appliquer !
Lorsque les effectifs ci-dessous sont atteints, le·la chef·fe d’établissement doit obliga-toirement dédoubler une partie des heures. La DHG « professeur » augmente donc :
- à partir du 18e élève : français et histoire-géographie, mathématiques, activités de laboratoire en physique-chimie, prévention-santé-environnement, arts appliqués et culture artistique, enseignement moral et civique, AP ;
- à partir du 16e élève : langue vivante, enseignement professionnel (sauf ci-dessous) ;
- à partir du 13e élève : enseignement professionnel des spécialités de l’hôtellerie-restauration et de l’alimentation ;
- à partir du 11e élève : enseignement professionnel des spécialités de l’automobile ;
- à partir du 6e élève : enseignement professionnel des spécialités de la conduite.