Manque de professeur·es de lycée professionnel :

le ministère n’agit toujours pas

L’année 2025 représente une année charnière pour les concours des professeur·es de lycée professionnel. C’est en effet cette année que se met en place la nouvelle réforme de la formation initiale, voulue sous le gouvernement Attal et mise en œuvre sous celui de Bayrou. Cette réforme vise à relancer l’attractivité du métier, mise à mal par la précédente réforme, instaurée durant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron sous l’ère Blanquer.

L’échec de la réforme précédente est flagrant, comme en témoignent à nouveau les chiffres du CAPLP cette année. Sur les 1 651 postes offerts, seuls 1 413 ont été pourvus. À l’externe, 14 % des postes restent vacants. C’est certes mieux que les 22 % de l’an dernier, mais cela occulte le fait qu’une centaine de postes en moins étaient ouverts cette année. Le mal est profond et ne touche plus uniquement les disciplines professionnelles comme les Biotechnologies option santé-environnement, où 20 % des postes restent encore vacants. La crise frappe désormais l’enseignement général. Les Lettres-Histoire, qui faisaient autrefois le plein, peinent aujourd’hui à recruter, comme déjà en 2023. En Mathématiques-Sciences, il faut remonter à 2021 pour retrouver une session où tous les postes ont été pourvus : en moyenne, 45 % des places ont été perdues lors des deux dernières sessions.

Au concours interne également, 14 % des postes ne sont pas pourvus, et près de 21 % au troisième concours, signe que le manque d’attractivité touche toutes les voies de recrutement, indépendamment des conditions d’accès au concours.

Il faut dire qu’avec une énième réforme de la formation, le gouvernement ne contribue pas à clarifier le parcours pour devenir enseignant·e de lycée professionnel. Tout au long de l’ersatz de dialogue social qui a accompagné la présentation de la réforme actuelle, le SNUEP-FSU n’a cessé de dénoncer les effets négatifs de certaines dispositions sur les viviers de recrutement. L’inquiétude est particulièrement vive dans des disciplines comme l’Économie-Gestion, les STMS ou la Biotechnologie option santé environnement, qui voient leur niveau de recrutement passer de Bac +2 à la licence. Or, au vu des difficultés de recrutement déjà existantes, relever le niveau d’entrée à ces concours revient à se priver d’un certain nombre de candidat·es.

Par ailleurs, pour le SNUEP-FSU, il est inacceptable que la formation en deux ans dorénavant prévue en master – mesure phare de la réforme – exclue les disciplines professionnelles. Quel mépris pour les jeunes des lycées professionnels, qui, contrairement aux autres, n’auraient pas droit à des enseignant·es bénéficiant d’une formation ambitieuse sur deux ans (si tant est que ces formations puissent être ambitieuses au vu du calendrier très court de mise en œuvre).

Pour le SNUEP-FSU, il est plus que jamais urgent d’ouvrir le chantier de la formation des professeurs de lycées professionnels et de revaloriser le métier en augmentant les salaires et améliorant les conditions de travail.

Paris, le 3 juillet 2025

Déclaration de la FSU au CSE du 3 juillet 2025

Madame la ministre,

Les fortes chaleurs de ces dernières journées nous rappellent l’urgence de lutter réellement contre le changement climatique, mais aussi celle de prendre en compte ses effets déjà bien présents, et d’adapter le fonctionnement de notre Ecole pour lui permettre d’assumer l’ensemble de ses missions tout au long de l’année scolaire et sur l’ensemble des territoires français. Ces épisodes caniculaires étant appelés à se multiplier, il devient urgent de lancer une véritable rénovation écologique du bâti scolaire public, pour protéger la santé et les conditions de travail des élèves et des personnels, et atténuer l’empreinte écologique de l’Éducation nationale. La FSU, avec l’Alliance Ecologique et Sociale, exige un véritable plan de financement et la mise en œuvre de solutions de prévention.

Comme chaque année, ce dernier CSE nous permet de dresser un premier bilan de votre action au sein de ce ministère. Celui-ci s’inscrit dans la continuité de celle de vos nombreux et nombreuses prédécesseur·es : vous poursuivez la transformation en profondeur de l’école, contre les personnels et en piétinant le dialogue social. Vos choix politiques sont orchestrés uniquement au prisme de la politique du plein emploi : tri des élèves de plus en plus jeunes, instrumentalisation de l’orientation pour tenter d’alimenter les métiers en tension, diminution du taux de poursuite d’études pour favoriser le taux d’emploi des jeunes, déprofessionnalisation et déqualification des formations et des métiers. Le système éducatif que les gouvernements Macron redessinent depuis 8 ans – en particulier  la fragilisation de l’école publique au profit du financement du privé – continue à accentuer les inégalités, il exclut les plus fragiles de la qualification et des études supérieures et contribue à créer du ressentiment et de la défiance envers l’ensemble de nos institutions.

Vous refusez d’engager une politique de démocratisation scolaire et de mettre les moyens pour scolariser l’ensemble des élèves dans de bonnes conditions, et ce sont toujours les jeunes issus des milieux les plus défavorisés qui en subissent les conséquences. En outre, la carte de l’Education prioritaire n’a toujours pas été revue, alors qu’elle aurait dû l’être tous les 4 ans depuis 2014. Il est urgent d’élargir cette carte.  Le budget 2026 reflétera — ou non — votre engagement et votre considération pour notre école publique et laïque au service de l’ensemble des élèves. La FSU rappelle que le financement du service public d’éducation est un investissement d’avenir qui prépare les futures générations à faire société.

Quant à votre méthode de dialogue social, elle ne permet pas réellement un diagnostic partagé. Vous pratiquez un dialogue social de façade qui ne prend aucunement en compte l’expertise des organisations syndicales, où tous les projets pour l’école sont ficelés par avance et/ou pilotés depuis l’Elysée – bien loin de vos propos qui vous engageaient concernant le diagnostic partagé que vous appeliez de vos vœux. Ce pilotage autoritaire des ministères nuit à l’ensemble du système de formation et d’éducation. L’ordre du jour de ce CSE en est un exemple flagrant, avec l’imposition à la dernière minute de textes non discutés.

Votre gouvernement, fidèle à sa stratégie de passage en force, s’attaque une fois de plus au service public de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR). Le projet de loi « Modernisation et régulation de l’enseignement supérieur » a été inscrit en catimini à l’ordre du jour de ce CSE, avant un passage express en Conseil des ministres voire au Parlement d’ici le 11 juillet.

Pour la FSU, ce texte est inacceptable car il permettrait au ministère, sans avis du CNESER, de retirer des accréditations de formations sur simple avis du HCERES — un organisme dont les avis sont contestés par la communauté universitaire et dont les liens avec l’exécutif interrogent.

Il ouvre davantage la collation des grades aux établissements privés, remettant en cause le rôle du service public au lieu de le renforcer.

Il délègue des pouvoirs aux recteurs et rectrices, qui pourraient décider seul·es de nominations ou de suppressions de formations. Il prolonge de 5 ans, sans bilan, les expérimentations des EPE, alors que ceux-ci génèrent une confusion entre établissements publics et privés, et affaiblissent la démocratie universitaire. Ce passage en force, sans concertation ni débat, vise à faire taire la contestation. La FSU refuse cette dérive autoritaire et appelle à la mobilisation pour défendre un enseignement supérieur public, démocratique et de qualité pour toutes et tous.

La réforme de la filière des métiers d’arts est aussi symptomatique du manque de concertation de votre part. Comment peut-on décider en catimini d’une réforme d’une telle ampleur ? Qui a discuté avec qui, et où ? Vous engagez une réforme des diplômes et des parcours des métiers d’art, sans que l’État n’ait organisé de réelle concertation. Pourtant, comme le stipule l’article L.335-8 concernant les dispositions communes aux formations technologiques et professionnelles, une concertation permanente devrait être organisée. En effet, l’État doit concerter les compagnies consulaires, les chambres de métiers,  d’agriculture, les organisations professionnelles d’employeurs et de salarié·es, les organisations familiales et les représentant·es de l’enseignement pour toute révision des structures de l’enseignement, des programmes et de la sanction des études relevant des enseignements technologiques et professionnels, liées aux résultats obtenus, à l’évolution de la société et du progrès scientifique, technique, économique et social. Malgré cela, dans le dos des personnels et des familles et à 15 jours des congés scolaires, vous tentez de supprimer un an de formation aux élèves et de leur imposer le fiasco du parcours différencié en terminale. Jamais le ministère n’aurait osé procéder de la sorte dans une autre voie que la voie professionnelle ! Il s’agit là d’une nouvelle attaque frontale contre la qualité de la formation des jeunes se destinant aux métiers d’art et de l’artisanat. Cette réforme s’appuie sur un rapport caché qui prétend vouloir rendre la filière plus lisible mais répond avant tout « aux besoins de compétences » de certains employeurs du secteur du luxe, tout en développant les parcours en apprentissage. Cette réforme compromet l’avenir et l’insertion professionnelle des jeunes, orchestre une déprofessionnalisation des filières d’art, tout en fragilisant des filières exigeantes, notamment les CAP — garants d’un savoir-faire pourtant reconnu mondialement. La FSU dénonce avec force cette réforme précipitée, idéologique et destructrice. Elle s’oppose fermement à ce projet et exige le maintien d’une formation exigeante, ambitieuse et complète pour les jeunes qui font le choix des métiers d’art.

Elle demande que le rapport de l’IG sur cette filière, paru en juillet 2024, soit rendu public et que de réelles discussions soient mises en œuvre sur l’ensemble des problématiques (parcours, référentiel de certification, grille horaire, PFMP, modalité d’évaluation, etc.) — c’est le sens du vœu intersyndical que nous avons déposé.

Les infirmières, assistantes de service social et psychologues de l’Éducation nationale se sont massivement mobilisées le 10 juin pour dénoncer l’orientation générale de la réforme de la santé scolaire, centrée exclusivement sur un angle sanitaire. Cette approche affaiblit la capacité et l’ambition du ministère à lutter contre les inégalités sociales et de santé, et donc à remplir sa mission principale : assurer la réussite scolaire de toutes et tous. Alors que vous vous étiez engagé·e à « rééquilibrer les deux jambes » de la politique éducative sociale et de santé, en réaffirmant la dimension préventive et éducative des métiers au service des élèves, les personnels ont été, hier encore, confronté·es au mépris et à la mise en œuvre précipitée de dispositions qu’ils et elles rejettent unanimement. La FSU dénonce une réforme imposée sans évaluation de la politique actuelle, sans prise en compte des réalités de terrain, et sans véritable dialogue. Une réforme des chiffres, qui dégrade à la fois les conditions de travail des agent·es et la qualité du service rendu.

Nous vous alertons sur l’augmentation des risques psychosociaux inhérents à vos propositions. La FSU demande l’annulation immédiate des mesures annoncées. Construire une politique éducative, sociale et de santé ambitieuse, au service des élèves et de leur réussite scolaire, ne peut se faire contre les professionnel·les concerné·es.

Enfin, la réforme de la terminale bac pro, pensée par le ministère du Travail et imposée à marche forcée contre les personnels et contre la réussite des élèves, est un fiasco. Avec l’avancée des examens en mai réduisant les cours de 4 semaines, les enseignant·es dénoncent le manque de temps pour  préparer rigoureusement leurs élèves aux CCF et aux épreuves écrites terminales. Quant au parcours différencié, c’est un échec total : faible corrélation du choix de parcours avec les vœux Parcoursup ou avec la filière du lieu de PFMP, injonctions à enseigner d’autres disciplines que la sienne, autonomie complète des établissements génératrice d’inégalités, impossibilité de préparer les élèves aux deux dernières épreuves de fin juin, désorganisation complète des établissements, perte de sens pour les élèves.  L’absentéisme a explosé en terminale mais aussi par ricochet dans les classes de seconde et de première. Plutôt que de reconquérir le mois de juin, on a clairement perdu le mois de mai en LP.  Ces éléments sont objectivés par les témoignages massifs remontés des établissements et par les enquêtes lancées par le SNES, le SNUEP et la CGT.

Pour les professeur·es de lycée professionnel, cette réforme engendre une perte de sens du métier, une dégradation de leurs conditions de travail et une augmentation des tensions dans les collectifs.

Les élèves de bac pro ont besoin de plus et mieux d’école. La FSU demande que le ministère ouvre rapidement des discussions pour rétablir les examens en juin et abroger le parcours différencié. Le SNUEP-FSU, avec la FSU, défendra partout une voie professionnelle scolaire, publique et laïque de qualité.

Depuis plusieurs années, la FSU alerte sur les conséquences des politiques menées  (sous-investissement chronique, réformes imposées contre l’avis de la majorité, dégradation des conditions d’exercice des métiers, etc.). Celles-ci alimentent la rancœur, la défiance envers les institutions et  nourrissent une colère froide qui s’étend dangereusement. Cela fait déjà bien longtemps que le lien de confiance entre les personnels et l’institution s’est rompu. Il est de votre responsabilité politique d’inverser cette tendance en pratiquant un dialogue social respectueux des personnels, en  menant des politiques publiques et financées en faveur de l’intérêt général.

DECLARATION FSU AU CSA MEN – 2 JUILLET 2025

Ce CSA ministériel se tient alors, qu’aujourd’hui encore, les températures prévues avoisinent les 40 degrés sur l’ensemble du territoire. Des scientifiques aux organisations syndicales dont la nôtre, en passant par des associations, les voix sont nombreuses et majoritaires pour alerter, depuis plusieurs années maintenant, sur la récurrence et les effets de ces périodes de canicule et pourtant… dimanche 29 juin, alors qu’un dôme de chaleur est annoncé depuis quelques jours, le ministère utilise la méthode Coué et diffuse finalement un communiqué de presse qui nous rappelle les grandes heures du Covid. Informations de dernière minute, recommandations déconnectées de la gravité de la situation et des réalités…y a-t-il quelqu’un qui pense sérieusement dans ce ministère que toutes nos écoles et établissements possèdent au moins une salle rafraichie ?! Dans la désorganisation la plus totale, des décisions de fermetures d’écoles sont prises, en collège et en lycée, et dimanche soir, le ministère a semblé découvrir qu’il y a encore des examens, ou encore que des enseignant·es sont de correction de copie.

Depuis 2019, nous alertons sur l’état du bâti scolaire en France mais force est de constater que rien n’est fait pour faire avancer les choses. La FSU avec d’autres organisations syndicales au sein de l’Alliance Ecologique et Sociale a lancé une campagne autour du bâti scolaire et demande le financement et la mise en œuvre d’un plan national de rénovation, qui nécessite la mobilisation commune de l’État et des collectivités territoriales parce qu’il y a urgence. Ces investissements doivent permettre de répondre aux exigences thermiques inscrites dans un décret et permettre d’assurer la continuité et l’égalité d’accès à un service public de qualité. C’est un enjeu d’avenir et de santé publique.

Mais sur les questions de service public, nous ne pouvons que constater qu’elles ne font pas partie des priorités du gouvernement. Dans le premier degré, la volonté de modifier profondément le référentiel sur la direction d’école relève à nouveau du mépris envers ces personnels. Depuis plus d’une semaine, les organisations syndicales représentatives se sont adressées à la ministre pour revoir ce projet totalement en contradiction avec les missions actuelles des directeurs et directrices mais aussi avec les attentes des personnels … Qu’avons-nous eu comme réponse ? Aucune ! Pourtant, le ministère devrait se soucier du nombre de postes de direction vacant à l’issue du premier mouvement, et répondre à la demande d’augmentation des décharges et d’aide administrative.

Si le nombre de postes vacants à l’issue du CRPE est inférieur à celui des années précédentes, ce n’est pas parce que la crise d’attractivité est derrière nous mais bien parce que ces chiffres sont en trompe-l’œil. En baissant drastiquement le nombre de postes offerts dans les académies déficitaires, vous avez mécaniquement fait baisser le nombre de postes vacants. Cela ne résoudra en rien les difficultés rencontrées dans les académies déficitaires. Il faudra, à nouveau, recruter nombre de contractuel·les. De plus votre choix de réduire significativement le nombre de listes complémentaires met déjà les académies en tension. Une rentrée scolaire qui s’annonce encore bien compliquée au vu des fermetures de classes annoncées lors des CSA d’ajustement. La généralisation des PAS à moyens constants dans nombre d’académies va engendrer des fermetures de classes non prévues.

Dans le second degré chez les PLP, 15% des postes ne sont pas pourvus, alors même que le nombre de postes aux concours avait été amputé de 4%. Les résultats ont commencé à être publiés pour les CAPES et, là encore, tout montre que la crise d’attractivité est structurelle et s’enracine durablement : au CAPES externe, en mathématiques, 253 postes perdus, 96 en physique-chimie, 51 en anglais.

Sur les questions d’attractivité, le ministère a donc tout faux. Après avoir lors du dernier CSA MEN réalisé un chantage odieux sur la question du décret sur les carrières des enseignant·es, celui-ci ne sera finalement pas publié alors qu’il comportait une mesure importante sur le déroulement de carrière en classe normale. Les dernières mesures concernant la couverture à 90% des arrêts maladie ne sont pas remises en cause et aucune décision n’a encore été prise pour les collègues femmes en situation de grossesse. La FSU continue de revendiquer le retrait de cette mesure injuste. Comme cela devient une habitude, après avoir annoncé un GT sur la mise en place de ces mesures en CSA MEN, puis avoir finalement envoyé un mail pour indiquer le procédé, le ministère envoie un nouveau mail pour acter un décalage. Quand le ministère sera-t-il enfin respectueux de ses personnels ? L’effet rétroactif de cette mesure ne devrait même pas être envisagé !

Pour les personnels des filières hors enseignantes du ministère, même constat, les 4 millions et demi de revalorisation indemnitaire consacrés à 70 000 personnels sont loin d’être suffisants. Le saucissonnage des revalorisations indemnitaires continue , – une année pour les collègues de telle(s) ou telle(s) catégorie(s) mais pas pour les autres – compte tenu de la réduction drastique des enveloppes de crédits dites catégorielles qui leur sont destinées. Inacceptable pour l’ensemble des personnels des filières ATSS et pour la FSU, tant ces personnels contribuent chaque jour au fonctionnement d’une éducation nationale indispensable à la mise en œuvre des politiques scolaires et éducatives du pays.

Quant au conclave sur les retraites, ce fut une réelle mascarade, les fonctionnaires (comme les autres salarié·es) ont besoin de mesures progressistes allant dans l’intérêt de toutes et tous. Il faut abroger la réforme de 2023 et sa mesure d’âge injuste, augmenter les salaires, rendre effective l’égalité salariale, favoriser l’accès à l’emploi, taxer certains dividendes sont autant de mesures qui pourraient permettre le financement des retraites. Mais ce ne sont pas les choix qui sont effectués, le gouvernement préfère l’intérêt des actionnaires à celui des fonctionnaires.

Il en va de même quand certains préfèrent favoriser leur ambition politique plutôt que de s’intéresser réellement aux intérêts des élèves. Ainsi Le rapport de l’Inspection générale du ministère de l’Education nationale est sans appel : les groupes de niveaux ne sont bénéfiques, ni pour les élèves, ni pour les personnels, ni pour notre système éducatif. Preuve de plus, s’il en fallait, de l’impasse éducative et pédagogique imposée par un ex-ministre de l’Éducation nationale. Les analyses de l’IG recoupent les travaux de la recherche et ce qui a été porté par la FSU ainsi qu’une large intersyndicale pendant des mois : un chaos organisationnel, le cœur de métier des professeur·es nié, des élèves malheureux. Mais alors que ce rapport prône l’« abandon du modèle actuel » des groupes de la réforme du « Choc des savoirs » et fait l’éloge de classes et groupes à effectifs réduits, le ministère persiste et signe en envoyant une lettre de recommandations aux recteurs et rectrices pour les poursuivre. Est-il si difficile de reconnaître l’échec d’une réforme ? Vaut-il mieux sacrifier une cohorte supplémentaire d’élèves pour ne pas avoir à revenir sur sa parole ? La FSU réaffirme son exigence d’abrogation des mesures du Choc des savoirs

2025 aura été l’année de la mise en place de la réforme de la terminale bac pro, désastre annoncé. Celle-ci est un fiasco, emblématique des politiques imposées contre les personnels et la réussite des élèves. Avec l’avancée des examens en mai, les enseignant·es ont perdu des heures de cours pour pouvoir préparer leurs élèves aux épreuves, engendrant du stress. Le parcours différencié est un échec total : faible corrélation du choix de parcours avec les vœux parcoursup ou du lieu de PFMP avec la filière, désorganisation complète des établissements, perte de sens pour les personnels et pour les élèves engendrant un absentéisme record se répercutant sur les autres niveaux… À rebours des objectifs d’employabilité immédiate et de modules déconnectés des savoirs et savoir-faire, les élèves de bac pro ont besoin d’école. Nul besoin d’attendre un rapport ou un bilan exhaustif même s’il est nécessaire. Dès maintenant le ministère doit rétablir les examens en juin et abroger le parcours différencié. C’est une exigence pour combattre les inégalités et la ségrégation liée aux origines sociales.

Dans ce marasme éducatif, nous avons une collègue AED, Mélanie G. qui a été tuée par un élève armé d’un couteau lors d’une opération de fouille de sacs. La FSU renouvelle son soutien à sa famille, ses collègues et aux élèves.
Ce drame, comme d’autres, a fait l’objet d’une récupération d’une partie de la classe politique qui vise surtout à mettre à l’agenda mediatico-politique des mesures sécuritaires et de contrôle de la jeunesse. La question du climat scolaire et de la sécurité des écoles, des collèges, des lycées, des personnels et des élèves nécessite notamment, et en premier lieu, davantage de personnels formé·es et qualifié·es. Le manque de moyens organisé par les gouvernements successifs en termes de personnels a dégradé les conditions d’encadrement et de prise en charge des élèves. Ce manque s’avère encore plus criant dans un contexte où la santé mentale des élèves se dégrade. A l’heure où les arbitrages budgétaires pour 2026 doivent être rendus, nous réaffirmons l’urgence d’avoir des équipes pluriprofessionnelles complètes dans chaque établissement afin de faire un travail d’éducation et de prévention efficace.

Les infirmières scolaires font partie de ces équipes pluriprofessionelles, la reconnaissance de leur spécialité doit maintenant être reconnue par l’éducation nationale. Des discussions nécessaires à la mise en application de la loi infirmière qui vient d’être publiée le 29 juin doivent être ouvertes.

Les Assises de la santé scolaire ont mobilisé, infirmières, psychologues et assistantes de service social. Ces trois professions, essentielles à la réussite scolaire, étaient massivement présentes à Paris le 10 juin pour lutter contre vos annonces qui portent l’affaiblissement et la dégradation des services.

Alors que l’isolement des élèves est de plus en plus pointé du doigt il est urgent de refaire du collectif, à travers des lieux de socialisation, de recréer du lien social, de la cohésion, dans l’École et en dehors, ce qui suppose, à l’inverse des mesures prises, de renforcer et conforter l’École publique.

En ce dernier CSA MEN de cette année scolaire 2025, où nous avons eu affaire à 3 ministres différentes, nous ne pouvons que constater qu’aucune amélioration n’aura été faite pour les personnels de l’éducation nationale et les élèves : pas de revalorisation, pas de postes supplémentaires aux concours, pas de bougés sur des réformes éducatives problématiques et ayant montré leurs échec !

La réforme de la formation initiale que vous avez portée à la hâte ne tient pas compte des exigences des métiers enseignant et CPE et ne répondra pas à la question salariale : 1400 euros ne suffiront pas à se loger, sans moyen supplémentaire à l’université de nombreux·ses étudiant·es vont être empêché·es d’accéder aux concours, la formation disciplinaire lourdement impactée va créer des situations dramatiques pour certain·es des lauréat·es. La mise en application dès l’année prochaine, et alors même que de nombreuses questions sont restées sans réponse, est inconséquente pour les formateurs·rices et pour les étudiant·es.

La FSU sera aux côtés de l’ensemble des personnels dès la rentrée, qui s’annonce déjà problématique. Nous refuserons tout plan d’austérité pour 2026 appliqué aux missions et personnels de notre ministère.

Enfin nous finirons par une remarque, sur l’ordre du jour de ce CSA MEN, nous redisons dans cette instance que convoquer un GT dédié à un sujet du CSA la veille de celui-ci est inacceptable et ne respecte aucun personnel.

L’École bien dans ses murs : pour une rénovation écologique du bâti scolaire public

En cette fin de mois de juin caniculaire, nos organisations (Greenpeace France, FSU, Oxfam, SUD éducation, Amis de la Terre, CGT Educ’Action) membres de l’Alliance écologique et sociale1 se sont rassemblées devant la Direction des services Départementaux de l’Education Nationale de l’Essonne, Boulevard de France, à Evry-Courcouronnes à 14h pour appeler à une réelle rénovation du bâti scolaire et faire entendre les témoignages du terrain sur les conditions de travail et d’étude de nombreux établissements.

Alors que les épisodes de canicule se multiplient et s’intensifient, l’inadaptation des écoles et établissements scolaires (isolation thermique, protections solaires, ventilation, végétalisation…) dégrade les conditions de travail et d’apprentissage de toutes et tous. En hiver, l’absence d’isolation ou de ventilation adéquate dégrade la qualité de l’air et fait grimper les factures de chauffage à des niveaux insoutenables. Elle renforce les injustices scolaires, sociales, territoriales ou sanitaires.
Pour améliorer le quotidien et le travail des élèves et des personnels, protéger leur santé mais aussi répondre aux enjeux écologiques, notamment la nécessaire diminution des émissions de gaz à effet de serre pour limiter le réchauffement climatique, nos associations et syndicats portent des exigences à tous les niveaux et soutiennent des mobilisations d’usager·ères ou de personnels de l’Éducation nationale.
Ce rassemblement a été l’occasion de présenter la situation bien souvent invivable dans de trop
nombreux établissements et d’exiger que des mesures soient prises localement et nationalement
pour financer la rénovation écologique du bâti scolaire.

Ludovic, enseignant dans le premier degré a témoigné “Il n’était pas rare que la semaine dernière dans
certaines classes il faisait plus de 35°C. En hiver, on a mesuré 10°C dans certaines écoles. Et lorsqu’on
demande à notre hiérarchie pour avoir des solutions, pour prendre soin de nous et de nos élèves, les
réponses se limitent à dire de boire aux élèves ou d’aller dans un endroit frais de l‘école. Mais ça n’existe
pas !”
Milena, enseignante dans le secondaire regrette que “les rénovations ne soient pas toujours la priorité de la région puisqu’au lycée Rosa Parks de Montgeron, elle préfère investir 500 000 € dans un système de
surveillance par caméra plutôt que dans la rénovation énergétique du lycée qui en aurait pourtant bien
besoin”. Mais elle ajoute que “des luttes payent. exemple du Lycée Brassens d’Evry dans lequel le bâti est
vraiment dégradé ( fuîtes, rats etc) et c’est uniquement après 6 jours de grève que les collègues ont obtenu la promesse que la région allait faire des travaux dans leur établissement.”
Sylvain, a ainsi relaté qu’au lycée de Monges, “des élèves se sont évanouis pendant qu’ils composaient
pendant le bac, on est vraiment dans l’impossibilité de travailler, c’est vraiment indigne ! Dans les collèges, beaucoup ont des préfabriqués, le matin en hiver parfois il y a du gel sur la table !”
Cette initiative est le point de départ d’une campagne composée de plusieurs étapes. Une vaste enquête a été initiée à destination de celles et ceux qui font l’École au quotidien et qui devraient plus souvent avoir leur mot à dire. Les résultats exhaustifs et les situations de terrain seront portés au ministère, dans les rectorats et les services départementaux de l’Éducation nationale, mais aussi auprès des collectivités propriétaires de bâtiments pour exiger la mise en œuvre de mesures. Un rapport sera publié en septembre pour affiner le diagnostic et construire nos exigences pour un plan national de rénovation du bâti scolaire, afin de protéger les élèves et les personnels, d’assurer la continuité du service public d’Éducation, mais aussi pour construire et rénover un bâti scolaire adapté aux défis de l’École de demain.
NB : une tribune de nos organisations présentant la campagne est disponible ici

Assises intersyndicales nationales des GRETA

Après des assises régionales qui se sont déroulées entre novembre 2024 et mai 2025, les assises nationales des Greta ont eu lieu le 24 juin à Paris, réunissant une centaine d’agents du réseau de formation continue pour adultes de l’Éducation nationale. Les sujets débattus ont été organisés en quatre thèmes: la question salariale, le statut et la carrière, les conditions de travail et le dialogue social, l’avenir des GRETA avec le risque de généralisation de la disparition des GRETA et l’intégration de la formation continue dans les GIP.

Communiqué de presse de intersyndicale du 24 juin 2025
SNES-FSU, SNUEP-FSU, SNASUB-FSU – CGT Éduc’action – CFDT-Education Formation Recherche Publiques – UNSA – SNALC

Des salaires non revalorisés
À travers les assises régionales, les collègues ont pu exprimer le manque d’attractivité des salaires qui entraîne un fort taux de rotation et une perte d’expertise, des grilles salariales obsolètes, non harmonisées entre les GRETA. Le OS déplorent l’absence d’interlocuteurs tant dans les académies qu’à la DGRH ministérielle pour traiter le sujet des rémunérations.
Il a été largement dénoncé le flou concernant les statuts des collègues et les textes encadrant leurs fonctions, laissant à chaque GRETA une trop grande autonomie dans la gestion des personnels, y compris par le non respect de la réglementation.
Ainsi, un débat a mis en évidence les disparités du poste de formateur-coordinateur, dont les missions, les salaires et même la catégorie de recrutement ne sont pas identiques d’un GRETA à l’autre.

Une absence de statut et des carrières cassées
Un fait significatif : la majorité des contractuel⋅es des GRETA refusent d’intégrer la Fonction Publique en passant des concours. Et pour cause ! En passant les concours, il n’existe aucune garantie d’être affecté à la formation continue. Par ailleurs, la loi Sauvadet laisse parfois un goût amer car un grand nombre de collègues ayant passé le CPIF ont vu leur carrière stoppée pendant plusieurs années et leur traitements dégradés.
Les CFC, devenu par voie de décrets CFP, souffrent du manque de lettres de missions, et de l’absence encore aujourd’hui d’un référentiel métier officiel ainsi que de la circulaire d’application qui devrait l’accompagner.
Les collègues ont également largement dénoncé la non réévaluation des rémunérations malgré les possibilités réglementaires, les conditions d’évaluation et le manque d’accès à la formation.
Alors que la concurrence s’accroît de plus en plus sur le marché de la formation, se pose la question de savoir où va la mission formation continue au sein de l’Éducation Nationale !

Des conditions de travail qui se dégradent et un manque de dialogue social
Les assises ont pu rappelé l’importance des instances pour que les personnels portent leurs revendications.
Les commissions du personnel sont le lieu privilégié pour porter les revendications quotidiennes. Les élus doivent pouvoir disposer d’heures au titre de la représentation syndicales pour leur permettre d’exercer leur mandat.
Les organisations syndicales rappellent que les CA des établissements supports sont les instances décisionnaires et que les agents des GRETA y sont à la fois électeurs et éligibles.
Moins connu des personnels, la commission F3STCT peut être saisie : les registres SST doivent être accessibles aux agents des GRETA. Il a d’ailleurs été souligné un manque de cadrage concernant la médecine préventive.
Enfin, les assises ont mis en évidence le rôle des élus dans le cadre des région académiques, à travers le CCRAFCA, dans lequel les questions RH doivent mises au centre.

Contre la généralisation du décret GIP absorbant les Greta
À la suite de l’intégration forcée du GRETA du Var au sein du GIP FIPAN de l’académie de Nice, un décret publié le 17 avril 2025 introduit la possibilité d’un nouveau cadre pour les groupements d’établissements de formation continue. Ce décret permet soit la création de groupements d’intérêt public (GIP) soit l’intégration dans le GIP FCIP existant en plus des Greta. Transformer systématiquement les GRETA en GIP entraînerait une sortie du périmètre du ministère de l’Éducation Nationale pour tous nos personnels : nous n‘en voulons pas ! Les GRETA doivent rester au sein de de l’Éducation Nationale !

Les OS demandent que les Greta soient réintégrés à l’agenda social du ministère de l’Éducation comme auparavant et qu’un véritable dialogue soit effectif et régulier : avec des groupes travail paritaires.

Nous revendiquons une clarification et une harmonisation des textes concernant les salaires, les conditions de travail et les statuts.

Nous demandons que les attributions et le fonctionnement de l’ensemble des instances consultatives et décisionnelles des GRETA soient pleinement respectés afin d’assurer une gouvernance transparente et démocratique.

Nous exigeons du ministère l’assurance du maintien de la formation continue et de ses agents au sein de l’Éducation nationale.

C’est pourquoi les OS appellent à la mobilisation de l’ensemble des personnels de la formation continue et des GRETA !

Réforme des diplômes des métiers d’art

Un passage en force inacceptable

Le ministère de l’Éducation nationale s’apprête à engager une réforme d’ampleur des diplômes et des formations des métiers d’art (bac pro artisanat et métiers d’art, brevets des métiers d’art) sans aucun dialogue social, sans concertation avec les personnels ni prise en compte des réalités du terrain. Dans le dos des personnels et des familles, à moins de deux semaines de la fin d’année scolaire, il tente de supprimer en catimini un an de formation aux élèves et de leur imposer le fiasco du parcours différencié en terminale bac pro. Jamais le ministère n’aurait osé procéder d’une telle manière si cette réforme n’avait pas concerné la voie professionnelle !

Ce choix politique purement comptable et idéologique va frapper 90 établissements, 22 spécialités et options et concerner près de 10 000 élèves. Il s’agit là d’une nouvelle attaque frontale contre la qualité de la formation des jeunes se destinant aux métiers d’art et de l’artisanat. Cette réforme s’appuie sur un rapport caché qui prétend vouloir rendre la filière plus lisible mais répond avant tout « aux besoins de compétences » de certains employeurs de maisons de luxe tout en développant les parcours en apprentissage. Elle compromet l’avenir et l’insertion professionnelle des jeunes, orchestre une déprofessionnalisation des filières d’art tout en fragilisant des filières exigeantes, notamment les CAP, pourtant garantes d’un savoir-faire reconnu mondialement.

En s’attaquant à ces filières, le ministère se place en totale contradiction avec la communication gouvernementale qui prétend valoriser l’artisanat, la filière d’exception, le « Made in France ». Une fois encore, les discours ne résistent pas à la réalité !

Le SNUEP-FSU dénonce avec force cette réforme précipitée, idéologique et destructrice. Il s’oppose fermement à ce projet et exige le maintien d’une formation exigeante, ambitieuse et complète pour les jeunes qui font le choix des métiers d’art. Il demande que le rapport de l’inspection générale de juillet 2024 sur cette filière soit rendu public et que de réelles discussions soient engagées sur l’ensemble des problématiques (parcours, référentiels de certification, grille horaire, PFMP…). L’urgence n’est pas de mise, les projets de décret et d’arrêtés doivent être retirés de l’ordre du jour de la Commission Spécialisée des lycées du 25 juin et du Conseil Supérieur de l’Éducation programmé le 3 juillet.

Le SNUEP-FSU défendra partout une voie professionnelle publique de qualité au service de la jeunesse.

livitoto