Déclaration liminaire de la FSU à la F3SCT MEN du 3 juillet

Nous nous retrouvons quelques jours après les résultats du premier tour des élections législatives qui confirment l’enracinement des idées d’extrême droite en France.
La FSU réaffirme ici que l’extrême droite est un danger pour notre démocratie. L’extrême droite est et reste l’ennemi du monde du travail et tout particulièrement des femmes et des minorités.
Porteuse de valeurs d’humanisme et progressiste, la FSU s’inquiète de ce qui pourrait se passer pour les services publics et l’Éducation nationale, pour nos élèves, et les personnels. Pour les enseignant.es ce sera « renforcement de l’exigence de neutralité absolue en matière politique, idéologique et religieuse… », « accroissement du pouvoir de contrôle des corps d’inspection, obligation de signalement des cas problématiques sous peine de sanctions ». Le projet de l ’extrême droite, régressif, dangereux à bien des égards est une machine à broyer tant les élèves que les agent.es.
Dans ce contexte, la FSU tient à porter à nouveau dans cette instances des alertes relatives aux réformes déjà programmées ou engagées qui viennent d’être rappelées dans la circulaire de rentrée publiée dans un contexte politique instable.
La FSU s’élève depuis des mois contre les mesures régressives du choc des savoirs dénonçant son aspect discriminatoire. La mise en place des groupes de besoins au sein des collèges tente d’imposer plus qu’une structure de tri social : elle cible la nature et la pratique du métier d’enseignant·e. Cet ensemble de mesures du premier au second degré dessine les contours d’une école passéiste et conservatrice qui tourne le dos à la démocratisation de notre système scolaire.
Ces mesures vont venir dégrader très lourdement l’exercice du métier d’enseignant·e et exposer encore un peu plus les personnels à des RPS induits par l’application de la réforme « choc des savoirs » par le biais de la perte de sens du métier, les effets sur les emplois du temps, la remise en cause de la liberté pédagogique et le conflit de valeur lié au tri des élèves.
Malgré nos nombreuses alertes, la réforme de la voie pro se met en place dès septembre avec une organisation de fin d’année de terminale qui laisse présager une forte dégradation des conditions de travail des enseignant·es avec examens à préparer, nouveaux emplois du temps, cours spécifiques à concevoir, suivi des PFMP et, pour les enseignants de PSE, un temps très court pour corriger les copies des épreuves prévues en toute fin de parcours. Pour les chef·fes d’établissements, la pression sera importante également avec l’organisation de ce parcours en Y demandé dès le début d’année sans connaître encore les élèves inscrits dans les 2 parcours. Bref, le ministère aurait souhaité multiplier les RPS, il ne pouvait pas mieux s’y prendre!
Par ailleurs, le maintien des textes concernant la réforme de la formation initiale est une nouvelle négation du dialogue social. Cette réforme crée de nouvelles conditions d’accès aux concours discriminantes, et relève d’un mépris pour les actuel·les et futur·es professeur·es des écoles à travers les épreuves d’admissibilité comme à travers la formation LPPE. De plus, elle prévoit une formation consistant en un formatage niant le métier d’enseignant concepteur. Sans passer par une amélioration des conditions de travail et une revalorisation des salaires, ceci ne répondra pas à la crise du recrutement. Pour les professeur·es du second degré, la préparation aux concours en 3ème année de
licence va fortement impacter les contenus: le volume de formation de la licence et les modules complémentaires de préparation ne suffiront pas à donner aux futur·es enseignant·es les bases d’un métier exigeant. Ce texte relève d’un dédain inégalé pour des lauréat·es d’un concours de fonctionnaires de catégorie A.
Ce ne sont pas ces mesures qui vont permettre de rendre nos métiers plus attractifs ni moins pénibles dans un contexte où, à la rentrée prochaine, l’Éducation nationale manquera encore de personnel. Bien au contraire, pour la FSU elles vont dégrader encore un peu plus les conditions de travail des personnels et les éloigner des conditions nécessaires à la réalisation du travail bien fait consubstantiel de la santé des agent·es dont l’employeur est responsable. Conditions que les groupes de travail sur le bâti scolaire ont été l’occasion d’analyser.
A ce titre est inscrit à l’ordre du jour de cette séance une synthèse de ces travaux sur le bâti scolaire, et en particulier le point relatif à l’amiante. Ce risque auquel nombre de personnels ont été exposés durant leur carrière est une véritable bombe à retardement. Aussi, la FSU ne peut que s’inquiéter du projet de réécriture de la circulaire du 28 juillet 2015 qui contenait des mesures à même de réduire ce risque, mais qui n’ont jamais véritablement été appliquées. En effet, les règles relatives à la protection des agentes et agents et à la traçabilité de l’exposition à l’amiante ne vont pas de soi, sont très loin d’être respectées. Nous argumenterons à partir d’exemples au cours de cette instance.
L’application Renoirh, qui avait explosé en plein vol dés sa mise en place en 2022, est aussi à l’ordre du jour de cette séance. La FSU a déjà souligné les conséquences des dysfonctionnements en cours sur la santé des agent·es entrainant, fatigue, burnout et arrêts maladie. Tout comme la négation de situations relevant du CITIS du fait de la dissimulation « forcée » de ces dysfonctionnements par l’administration. Elle réclame des enquêtes dans ces services pour étudier les dysfonctionnements et les besoins. Les personnels doivent retrouver de la sérénité dans leur travail.
La FSU a alerté le ministère sur la situation sanitaire et à Mayotte, déjà fortement impacté par les crises sociales et environnementales, et notamment celle de l’accès à l’eau. Les foyers clairement identifiés de choléra n’excluent pas une amplification de l’épidémie sur la durée. La FSU sera attentive à ce que la sécurité des personnels et des élèves et la nécessaire prévention des risques fassent l’objet d’un engagement des pouvoirs publics.
Pour finir, à l’ordre du jour de cette séance, est inscrit le vote des procès verbaux de quatre réunions dont la plus ancienne date du 10 juillet 2023, soit il y a presque un an. Cela n’est pas acceptable, il est essentiel de retrouver un bon fonctionnement dans cette instance : des procès-verbaux dans des délais raisonnables, leur publication en ligne, un suivi de l’ensemble des avis adoptés dans l’instance, ainsi que l’actualisation de la page dédiée à la santé, sécurité et conditions de travail sur le site du ministère.
La FSU exige de notre employeur les moyens d’effectuer un travail de qualité. C’est tout l’enjeu des FSSSCT qui, dans le cadre de leurs missions, doivent s’appuyer sur l’analyse de l’organisation du travail pour qu’enfin ce soit le travail qui s’adapte aux agent·es et à leurs missions, et non l’inverse.