Les résultats de la session des concours de recrutement des professeur·es de lycée professionnel étaient attendus après une inquiétante session 2022, première de la nouvelle mouture des concours voulue par Jean-Michel Blanquer (chute du nombre d’inscrit.es, hausse du nombre de places non pourvues à l’externe). Et ces résultats viennent prouver l’échec de cette réforme.
Comme nous le pressentions à la découverte du nombre de candidats inscrits par concours, le choc d’attractivité que le ministre avait promis l’an dernier n’a pas eu lieu. Une situation qui augure une prochaine rentrée tout aussi catastrophique que la dernière.
Depuis longtemps l’enseignement professionnel peinait à recruter notamment dans les disciplines professionnelles. La réforme Blanquer est venue renforcer ce phénomène en impactant de nombreuses disciplines qui jusque-là faisaient le plein. Ainsi cette année, au CAPLP externe, en Mathématiques-sciences 96 postes seulement sont pourvus sur 245 (61 % de pertes), en Lettres-Histoire : 128 sur 160 places (20 % de pertes) et en Lettres-Anglais 68 sur 85 places (20 % de pertes). Dans l’ensemble 28 % des places n’ont pas été pourvues, là où avant ce chiffre tournait en moyenne entre 10 et 15 %.
Ainsi, en deux ans, pour les seuls concours externes, 797 postes n’ont pas été pourvus majoritairement en enseignement général. À ces résultats viennent s’ajouter les pertes « traditionnelles » dans des disciplines professionnelles. 17 disciplines sur 35 sont déficitaires. 10 sur 26 à l’interne et 8 sur 15 au 3ème concours.
Le déplacement de concours en fin de master ne peut être le seul facteur explicatif. En effet, beaucoup de concours de la voie professionnelle ne sont pas concernés par ce changement et peinent pourtant à voir tous leurs postes pourvus. Cet échec est le symbole d’un manque d’attractivité flagrant du métier de professeur de lycée professionnel que les augmentations des indemnités et des primes de début de carrière ne parviennent pas à résorber. Cela est aussi à mettre au compte des conditions de travail dégradées et des réformes successives depuis 15 ans : comment se projeter dans un métier que l’on réforme en permanence sans même en faire le bilan ?
Preuve que le diplôme n’est pas le seul problème : les difficultés rencontrées par les troisièmes concours. Cette année, davantage de places et de sections ont été ouvertes mais pour un succès très relatif. Sur les 125 places, 79 ont été pourvues. En Maths-sciences, seulement 11 sur 35.
Si au CAPLP interne le nombre de postes perdus est moindre qu’en 2022 (68 sur 425 postes ouverts), il n’en reste pas moins que 35 PLP manquent sur les 430 places prévues.
Quelles perspectives ?
Pour le SNUEP-FSU, la réponse à cette crise ne peut et ne doit pas être le recours massif à la contractualisation. Il est temps d’ouvrir une réflexion profonde sur la formation initiale et continue des PLP. Le SNUEP-FSU demande la mise en place de pré-recrutements ambitieux et exige l’amélioration des conditions d’entrée dans le métier, conditions fortement dégradées par les dernières réformes de la formation des enseignant·es.
Pour le SNUEP-FSU, c’est revaloriser fortement les salaires et redonner du sens au métier de PLP qui le rendra plus attractif. Dès maintenant le ministère peut abandonner l’ensemble des dispositifs pédagogiques chronophages, restituer sa place centrale à l’enseignement disciplinaire et attribuer les moyens nécessaires aux PLP pour exercer leur métier dans de meilleures conditions.