Le 26 juin dernier, le nouveau ministre de l’Éducation nationale assurait par voie de presse « un prof devant chaque classe à la rentrée ». Force est de constater que cela ne sera pas le cas en lycée professionnel.
Alors que tous les résultats des concours de recrutement des professeur·es de lycée professionnel (PLP) ne sont pas encore connus, les premières remontées confirment les craintes du SNUEP-FSU : près de 300 postes ne seront pas pourvus aux CAPLP 2022 (pour rappel : 169 non pourvus à l’issue de l’intégralité de la session 2021). En Biotechnologies, 124 postes sont perdus, soit les deux tiers de ceux ouverts au concours. En Génie mécanique option construction, 19 postes sont rendus sur 25 ouverts, soit plus de 76 %. Même chose en Génie civil option équipements techniques-énergie, avec seulement 7 reçus pour 27 places. Mais les disciplines professionnelles ne sont pas les seules touchées. Les Lettres-Histoire, discipline faisant habituellement le plein, perdent plus d’1 poste sur 5 avec 121 admis·es pour 155 postes offerts. En Design et métiers d’art (anciennement Arts appliqués) option Design, 1 poste sur 2 est rendu (27 admis pour 55 places).
Si la crise de recrutement est ancienne dans les lycées pros, elle s’est aggravée sous l’effet de la réforme Blanquer de la formation initiale et du refus obstiné des ministères de la Fonction publique et de l’Éducation nationale d’offrir de véritables revalorisations salariales à la profession. La réforme de la formation présentée par le précédent ministre comme un moyen de renforcer l’attractivité des métiers enseignants est un échec cuisant avec ces chiffres historiquement mauvais. Le SNUEP-FSU l’a répété : on ne peut pas attirer des candidat·es avec des salaires gelés et dramatiquement faibles, des conditions de travail difficiles et un manque d’anticipation sur les affectations et conditions de stage des futur·es enseignant·es. Le propre de cette réforme est aussi l’imprécision et le flou qui ont plané tout au long de sa préparation et de sa mise en place. On comprend mieux pourquoi certains rectorats ont tenté de devancer le problème de ce manque criant d’attractivité en organisant des « job-dating ».
Nous pouvons donc confirmer officiellement : à la rentrée prochaine toutes les classes de LP n’auront pas un·e professeur·e dans chaque discipline pour assurer un enseignement de qualité aux élèves. Pour le SNUEP-FSU, il y a urgence à ouvrir un chantier spécifique sur la formation initiale des PLP et il est impératif de reconstituer les viviers de PLP. Cela passe par une forte revalorisation des salaires, une amélioration des conditions de travail et une politique ambitieuse de pré-recrutements.