E. Macron a théâtralisé son discours de rentrée en se mettant en scène en grand « chef d’établissement » de tous les professeurs. Entre contre-vérités et mensonges, aucune remise en cause de sa ligne politique et de ses réformes qui ont accru les inégalités dans la société comme à l’École. Il annonce aussi poursuivre celle des lycées professionnels alors même qu’elle présente des risques majeurs pour l’avenir des jeunes, les personnels et, au-delà, pour la cohésion sociale de notre pays.
Sa première hypocrisie consiste à stigmatiser les personnels et les élèves de la voie professionnelle scolaire en assénant mensonges, poncifs accusateurs et en inversant sa responsabilité pour la renvoyer sur les professeurs des lycées pros : un tiers de décrocheurs, trop de jeunes sans diplômes et personne ne s’indigne, le LP produit du chômage… Il semble donc nécessaire de rappeler des faits.
La réforme Blanquer, qui a d’ailleurs indigné toute la profession, a fait bondir le décrochage de 3 points pour atteindre 13 % par an – si ce chiffre en hausse est mauvais, on est toujours loin du tiers et encore plus des 70 % brandis par Carole Grandjean. Cette dernière, d’ailleurs parfaitement au fait du nombre affligeant de ruptures de contrats d’apprentissage (50 % dans certaines filières), annonce sans vergogne appliquer la commande présidentielle de généraliser ce système patronal au détriment de nos lycées pros.
Autre fait, la réforme Blanquer a diminué de 30 % les volumes horaires d’enseignement avec une attaque forte sur les enseignements généraux. Or s’attaquer véritablement aux fondamentaux, nécessiterait de redonner du temps disciplinaire en maths, français, arts appliqués, EPS… et non d’augmenter les stages en terminale. Cette mesure, si elle n’est pas remise en cause, va fragiliser toujours plus l’acquisition de connaissances et de compétences métier des jeunes. Quant à avancer les épreuves en mars pour calquer l’année de terminale bac pro sur le LGT c’est une aberration totale que nous combattrons sans relâche !
Enfin, l’hypocrisie qui consiste à sous-entendre que le lycée professionnel et ses professeurs produisent du chômage est une provocation de plus, une contre-vérité mais c’est aussi du « recyclage politicien » car déjà brandie par Sarkozy, De Robien, Blanquer, Pénicaud… ! Les lycées pros sont responsables de la formation des jeunes à des métiers. Ce sont les entreprises et les employeurs publics qui ont la responsabilité de l’emploi. D’ailleurs qu’ont fait E. Macron et son gouvernement pour améliorer l’emploi public – qui représente plus de 20 % de l’emploi en France ? Quant à évoquer une amélioration de l’insertion professionnelle des jeunes en massacrant les filières tertiaires pour les basculer vers les secteurs qui ne recrutent plus car désertés par les salariés qualifiés, est révélateur de son mépris social pour nos élèves et pour nos métiers !
Le SNUEP-FSU dénonce ces hypocrisies, ces mensonges et cette réforme injuste et brutale qui va organiser le séparatisme de la jeunesse lycéenne, mettre en péril leur avenir et imposer un vaste plan social pour les personnels. G. Attal, nouvellement nommé saura-t-il écouter les représentants des professeurs des lycées professionnels ou, comme Carole Grandjean, répétera-t-il à l’infini : « j’applique la décision du Président ». Quelle que soit la réponse à cette question le SNUEP-FSU est déterminé à ne pas laisser faire ce saccage injuste et dangereux.
Paris, le 24 août 2023