Cette rentrée s’effectue encore dans un contexte particulier. Deuxième rentrée sous covid, la crise sanitaire n’est pas encore dernière nous. Les enseignant.es doivent plus que jamais faire face à de multiples difficultés liées au contexte sanitaire et surtout à l’absence de mesures concrètes de la part des ministères de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur. Les conséquences négatives de la crise sanitaire sur les apprentissages des élèves et des étudiant.es ne sont toujours pas traitées.
D’un point de vue sanitaire, l’apparition de nouveaux variants aurait dû forcer les ministères à rester vigilants en renforçant notamment les protocoles sanitaires qui sont les seuls moyens pour maintenir les écoles et universités ouvertes dans la durée. Force est de constater que beaucoup de questions restent sans réponse : organisation des sorties scolaires ou des PFMP en lycée professionnel, politique de tests, modalités d’isolement des élèves cas contacts, organisation de la vaccination en milieu scolaire et universitaire, etc. Ce manque de lisibilité pour les enseignant.es reste encore une source d’inquiétudes importantes et illustre parfaitement et plus particulièrement la stratégie du ministre de l’éducation nationale qui continue à mettre sous pression l’ensemble du système scolaire.
D’un point de vue pédagogique, malgré les demandes répétées de la FSU pour la mise en place d’un plan d’urgence pour l’Éducation et la formation, les deux ministres poursuivent leur politique de suppression de postes notamment dans le second degré et l’enseignement supérieur où le taux d’encadrement se dégrade depuis 10 ans. A cette rentrée, aucun moyen supplémentaire n’est dégagé pour pallier les difficultés des élèves et étudiant.es accentuées par deux années d’apprentissage très difficiles. La généralisation de demi-groupes est primordiale pour y remédier. Il est également nécessaire d’aménager des dispositifs de la voie professionnelle (co intervention, chef-d’œuvre ou accompagnement personnalisé de toutes sortes) pour redonner du temps d’enseignement pour des élèves qui en ont bien besoin.
Dans le premier degré, sur les 2489 postes créés, un nombre très faible est utilisé pour le remplacement (391) alors que le non remplacement a explosé, et 29 postes seulement pour le RASED, pourtant plus indispensable que jamais. 105 postes de « Plus de maîtres que de classes » sont encore supprimés, malgré les dynamiques pédagogiques qu’ils permettent… Le ministre de l’éducation nationale continue les injonctions à resserrer les enseignements sur des « fondamentaux » étriqués et le contrôle des pratiques se poursuivent ainsi à tous les niveaux du système éducatif.
Que dire des postes d’AED, AESH, CPE, PsyEN, infirmier-es, assistant-es de service social, médecins de l’éducation nationale ? Les conséquences psychologiques, sociales, éducatives de la crise sanitaire sont notables et les équipes pluri-professionnelles sont loin d’être complètes pour assurer leurs missions. Les recrutements ne sont pas à la hauteur pour répondre aux besoins et le recours aux contrats précaires pour pourvoir ces postes atteint ses limites.
Ces politiques ont dégradé et continuent de dégrader fortement les conditions de travail des personnels. Elles ne font en réalité que développer et creuser les inégalités entre élèves ou étudiant.es. Au manque de moyens, s’ajoute une politique catastrophique mise en œuvre sur la formation et la rémunération des enseignant.es qui aggravent la crise du recrutement occasionnant de plus en plus de graves dysfonctionnements du système éducatif.
Les mesures salariales issues du Grenelle ne constituent en rien la
revalorisation historique dont se vante le ministre de l’éducation
nationale. D’une part, plus de 42% des collègues ne sont pas concernés
par la poursuite de la prime d’attractivité qui par ailleurs « tasse »
les grilles, d’autre part, les enseignant.es stagiaires restent
scandaleusement éligibles à la prime d’activité compte tenu de la
faiblesse des salaires des débuts de carrières (1,2 SMIC). Le gel du
point d’indice se poursuit et aucune mesure générale ne vient compenser
les pertes de pouvoir d’achat. La situation est identique dans le
supérieur où la ministre Vidal a privilégié une rémunération sous forme
de prime individuelle (prime d’engagement professionnel) mettant en
compétition les enseignant.es chercheur.es entre eux et elles.
La mise en place d’une réelle grille indiciaire avec avancement
automatique pour les AESH, est à mettre au crédit de la mobilisation
intersyndicale de ces derniers mois et des interventions insistantes de
la FSU. Mais cette grille reste à un niveau insuffisant et ne permet pas
de résoudre toutes les questions posées sur les conditions de travail
et de rémunération des AESH qui seront en grève le 19 octobre à l’appel
de l’Intersyndicale.
Pour la FSU, la période qui s’ouvre, dans un contexte de campagne
présidentielle, doit être l’occasion de mettre dans le débat public les
questions d’Éducation et de formation :
• pour montrer qu’il existe d’autres choix pour l’école et l’enseignement supérieur,
• pour renouer avec la démocratisation du lycée et de l’accès à l’enseignement supérieur,
• pour élever le niveau de qualification de l’ensemble de la population,
• pour renforcer le service public d’éducation et de formation seul à
même de lutter contre toutes les formes d’inégalités en particulier par
la mise en place d’une réelle politique d’Éducation prioritaire
Avec d’autres organisations syndicales, la FSU appelle les personnels à se mobiliser et à se mettre en grève le 23 septembre pour continuer à dénoncer les politiques menées depuis 4 ans et montrer que d’autres choix d’éducation et de formation sont possibles.