Le sentiment général, à la lecture de la lettre du ministre sur les aménagements d’examens 2021 dans la voie pro, c’est quand même que ce dernier parle de choses qu’il ne maîtrise pas complètement. Ainsi, sa lettre reste difficilement compréhensible sur de nombreux points, tant pour les PLP que pour nos élèves… Et, comme toute chose incompréhensible, elle va être sujette à de multiples interprétations, cette lettre…
Voici ce que l’on peut en comprendre à ce stade :
Épreuves ponctuelles terminales
Le ministre range dans les enseignements généraux toutes les épreuves sur table figurant dans son rappel du calendrier des épreuves ponctuelles du CAP et du bac pro… alors que certaines d’entre-elles ne sont pas comptabilisées comme épreuves d’enseignement général dans certains règlements d’examens (par exemple, dans le règlement du bac pro GA, la PSE fait partie des sous-épreuves d’une épreuve professionnelle…). On peut donc être très sceptique sur le « catalogue » des enseignements généraux établi par le ministre. De plus, celui-ci semble complètement oublier que, dans bon nombre de diplômes, en fin d’année, il y a des écrits qui sont clairement des épreuves d’enseignement professionnel : les études de cas par exemple. Ces épreuves-là ne sont même pas mentionnées, et il reste difficile de savoir si c’est parce qu’elles sont maintenues ou supprimées ! Une chose est certaine néanmoins : elles ne sont pas aménagées alors qu’elles sont longues, à fort coefficient et font partie des épreuves les plus appréhendées par les élèves.
Épreuves que le ministre appelle « d’enseignement général » :
- CAP (candidat·es libres et établissements non habilités au CCF) : Français, PSE, Maths, Sciences, LV, Arts appliqués
- Bac pro : Français, Histoire-Géographie-EMC, PSE, Éco-droit, Éco-gestion, Arts appliqués (qui sont en CCF « unique » la plupart du temps !?!)
Seules les deux meilleures notes seront retenues, en CAP comme en bac pro, et les autres seront neutralisées. Autrement dit, selon les diplômes, trois à cinq disciplines auront été préparées par les élèves pendant trois ans et passées lors de l’examen… pour rien ! Les collègues auront préparé leurs élèves, puis corrigé leurs copies d’examen… pour rien ! Trois ans de boulot anéantis et bafoués, ces disciplines se retrouvant, de fait, purement et simplement supprimées du diplôme ! Certes, ce ne seront pas les mêmes disciplines pour tou·tes les élèves, mais, cette année, certain·es seront reçu·es au bac pro sans note en Français, et/ou en PSE, et/ou en Éco-droit…
Par ailleurs, cette disposition pose sérieusement la question des coefficients, pour calculer les moyennes obtenues à l’examen : un·e candidat·e dont les deux meilleures notes sont dans les deux matières à plus faible coefficient verra les autres notes neutralisées (même si elles sont supérieures à 10, d’ailleurs !). Cela déséquilibre complètement la part des enseignements généraux par rapport à celle des enseignements professionnels dans le calcul de la moyenne à l’examen… Ce qui n’est pas sans conséquence sur l’accès à l’oral de contrôle. Cette décision de ne garder que les deux meilleures notes risque de mettre quelque peu le bazar dans les jurys ! Et elle ne favorise pas les élèves : c’est deux fois mieux d’avoir un 12 en coef 4 qu’un 14 en coef 1 ! Sauf qu’avec cette disposition, on garde le 14 en coef 1…
Pour les CCF, dès lors qu’au moins l’un d’entre eux a pu être organisé, les dernières étapes des CCF de l’année scolaire sont neutralisées.
Voilà encore une disposition qui est loin d’être claire : s’agit-il, dans ce décompte, de cumuler les CCF réalisés pour une même épreuve ? Ou pour une même sous-épreuve ? En enseignement professionnel, on peut avoir fait un CCF d’une sous épreuve, un autre dans une autre sous-épreuve… et zéro dans la 3e sous-épreuve ! Que se passe-t-il dans ce cas ? Doit-on neutraliser la 3e sous-épreuve ou non ?
Enfin, toutes les épreuves (ou sous-épreuves ?) n’ayant qu’une seule échéance (comme les langues vivantes ou les arts appliqués en bac pro) sont maintenues ! Pas d’alternative ! Que se passera-t-il pour les élèves cas Covid ou cas contact… et pour les classes qui vont fermer s’il y a un cas Covid : pas de réponse !
Face à tant de problèmes non résolus, une demande d’audience a immédiatement été adressée à la DGESCO afin de porter nos propositions. Il est plus que souhaitable que, dans un délai très court, une note de service vienne apporter toutes les clarifications nécessaires.
FAQ examens 2021 du ministère – mise à jour au 21 mai : https://www.education.gouv.fr/examens-2021-les-reponses-vos-questions-323222